top of page
Photo Stéphane Aucante.jpg
Photo Bougainvillier éditions.jpg

Stéphane Aucante

Responsable éditorial et administratif

Bougainvillier Éditions

"Remettre le lecteur mais aussi le non-lecteur
au centre de l'édition"

Benoît Abert : Votre parcours professionnel est marqué par des expériences à la fois riches et variées. Pourriez-vous résumer en quelques phrases les différentes fonctions que vous avez occupées ? 

Stéphane Aucante : Mon parcours est d’abord lié à l’audiovisuel et, dans ce domaine, j’ai été tour à tour réalisateur, producteur, scénariste et formateur, avant de m’orienter vers le spectacle vivant. J’ai alors dirigé des lieux de diffusion ou des festivals, jusqu’à mon départ pour la Palestine où, pendant trois ans, j’ai dirigé un Institut Français. J’ai ensuite assez vite enchaîné avec un poste de direction d’Alliance Francaise en Macédoine du Nord. Je ne vis de nouveau vraiment en France que depuis deux ans. 

B.A. : Y aurait-il néanmoins, derrière cette diversité d’une carrière qui tire à hue et à dia, une ligne directrice qui définirait votre parcours ? 

S.A. : Je crois que j’aime les gens et le partage, que j’aime partager ce que j’aime avec les gens, leur apporter de l’inattendu, de l’inconnu, sans les effrayer. Faire des films, programmer des spectacles, enseigner, former, écrire, animer des ateliers, toutes ces activités ont, je crois, en commun le sens de l’échange et du partage. Du respect et de la tolérance. 

B.A. : La Palestine, où vous avez vécu pendant trois ans, occupe une fois de plus le premier plan de l’actualité. Quelle impression retirez-vous de ces événements, et les années passées sur place vous permettent-elles selon vous de livrer une analyse particulière de la situation ? 

S.A. : Ce serait manquer d’humilité que de vouloir livrer une analyse particulière, tant la situation est ancienne et complexe. Mais je sais simplement que les Palestiniens et les Palestiniennes sont des hommes et des femmes comme vous, moi, d’autres, et qu’ils ont le droit de vivre et d’être libres, comme ceux qui, depuis bientôt quatre-vingts ans, les terrorisent et les méprisent. Mais tout cela ce sont des mots et, globalement, depuis un an, ce qui se passe en Palestine et maintenant au Liban me paraît de l’ordre de l’innommable, comme la Shoah. Terrifiant retournement de situation… 

B.A. : En terme d’écriture, la poésie semble occuper une place prépondérante pour vous. Qu’a-t-elle donc que les autres genres n’auraient pas ? 

S.A. : La poésie est l’art de jouer avec les mots. De fait, elle est peu ou prou dans tout ce qui s’écrit, pour autant qu’on évite l’esprit de sérieux. Elle est aussi très liée à la musique, et je suis mélomane. 

B.A. : Vous êtes aujourd’hui responsable éditorial et administratif aux Éditions Bougainvillier. Pouvez-vous nous présenter à la fois cet éditeur et ce poste que vous occupez ? 

S.A. : Bougainvillier éditions est une association. Elle est née de la volonté de plusieurs auteurs – dont moi-même – et de quelques-uns de leurs proches – dont un ami d’enfance – de tenter d’éditer autrement, en remettant le lecteur mais aussi le non-lecteur – qui donc peut le devenir à tout moment – au centre de l’édition. Quant au poste que j’occupe, disons que c’est une étiquette qui fait bien en bas d’un e-mail, mais, au fond, comme les autres membres de l’association, je ne suis que bénévole, mais celui qui a le plus de temps pour l’instant à consacrer à la maison, d’où mon titre. 

B.A. : Vous présentez les Éditions Bougainvillier sous le terme de « circuit court ». Que voulez-vous dire exactement ? Quelles sont les lignes directrices de votre projet éditorial ? 

S.A. : En « circuit court » car nous essayons d’être sans cesse en contact direct avec les lecteurs, avérés ou potentiels, à travers de nombreuses et engagées actions de médiation ; dans un autre registre, notre imprimeur est près de Lille. En tout cas, il s’agit bien d’une association et la ligne de force de notre projet éditorial relie le témoignage à l’humain, avec un gout avéré pour les écritures sensibles et colorées. 

B.A. : Le monde de l’édition, chez le grand public comme chez les auteurs en herbe, n’est pas épargné : il représente à la fois un espoir et un objet de critique permanente. Quel regard jetez-vous sur ce milieu tel qu’il existe actuellement ? 

S.A. : En fait, en raison entre autres des éléments évoqués plus haut, nous nous sentons assez loin de ce milieu qui, cela dit, ne semble qu’avoir peu bougé depuis le dix-neuvième siècle. 

B.A. : Auriez-vous des conseils (nous n’oserons parler de consignes) à donner à un auteur qui souhaiterait vous envoyer son manuscrit ? 

S.A. : D’être lui-même et, avant de penser que son manuscrit est unique, de réfléchir à comment il pourrait en parler à des lecteurs de manière unique, pour leur donner le désir de le lire. Nous choisissons les manuscrits que nous éditons – à compte d’éditeur – autant en fonction de leurs qualités littéraires et de leurs liens avec notre ligne éditoriale qu’en fonction de la disponibilité et des idées de l’auteur pour de la médiation. Si un auteur ne veut pas se mouiller pour son livre – comme un parent se mouille pour son enfant –, eh bien, éditeur ou pas, le livre risque fort d’être mort-né… 

B.A. : Parallèlement à cette activité d’édition, pratiquez-vous encore l’écriture ? Si oui, sous quelles formes ? Avez-vous des projets particuliers dont vous souhaiteriez nous faire part ? 

S.A. : Oui, j’essaie de me battre pour trouver encore le temps d’écrire. Je viens de finir la mise en forme d’un nouveau livre sur la Palestine, intégrant pour la première fois des photos, et je vais m’atteler maintenant à mon nouveau roman, mon troisième, qui clôturera une trilogie romanesque et historique inspirée de l’histoire de ma famille maternelle. 

bottom of page